Le babyfoot, un incontournable pour être heureux au travail ?

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Le bonheur au travail fait de plus en plus parler de lui. Et je trouve ça fantastique ! Le signe d’une société qui a envie d’aller mieux, qui veut lutter contre la morosité ambiante et veut faire passer l’humain au premier plan.

Après tout le bonheur est une aspiration fondamentale de l’être humain. On aurait bien tort de ne pas le mettre au centre des débats sociétaux !

Ce qui me gêne dans le bonheur au travail, c’est qu’on l’instrumentalise, on le connote, on le détourne et on le gadgétise. On montre des dirigeants avec une vision utilitariste du bonheur au travail, et des sociétés de services qui surfent sur la tendance pour se remplir les poches.

Quand les médias s’emparent du bonheur au travail

Le bonheur au travail est devenu médiatique. Il fait le buzz.

Et même les chaines télé s’en emparent. C’était le cas dimanche dernier lors de l’émission Capital qui consacrait son numéro au bien-être des salariés français. Et leur angle pour traiter le sujet m’a pour le moins dérangé.

Des artifices pour un semblant de quotidien au travail heureux

738_bonheur_au_travailVous voulez savoir ce que j’ai compris de la vision de Capital sur le bonheur au travail ?
Le bonheur au travail, c’est des baby-foots, des corbeilles de fruits et des environnements de travail modernes dans des open-spaces hors de prix !!

Mais je vous pose une question : Le baby-foot est-il réellement incontournable pour être heureux au travail ? Visiblement, il en est devenu la mascotte !!

Le reportage démarre par une société qui se présente comme « un distributeur de bonheur en entreprise ». En fait, elle livre des paniers de fruits pour qui veut faire manger sainement ses salariés.

Super initiative ! C’est top d’avoir à disposition de tels services. Et top de la part des patrons de proposer des fruits en libre service pour le petit déjeuner.

Voyons maintenant la suite du documentaire… Ah le babyfoot. L’élément central de l’entreprise qui fédère les équipes et fait lâcher prise les plus stressés le temps d’une partie…

Ok. Après une alimentation un peu saine, on amène du fun en entreprise. C’est très bien.

abba874482d111f081a3be917f8f8b3eD’accord, mais le babyfoot, on le met où ? Ah bien sur ! Dans des espaces cloisonnés au milieu d’immenses open-space hors de prix qui donnent une bonne image à l’entreprise qui investit « soit disant » pour le bien-être de ses employés.

Enfin, la petite touche pour pimenter le tout : Une pincée d’animation avec une Chief Happiness Officier en mode G.O. du Club Med !

Voilà, vous avez les ingrédients du bonheur au travail !!

travail-dimanche-deligneNon mais M6 !! Vous déconnez ou quoi ?!

Fruits, babyfoot, open-spaces et animateur de camp de vacances ? C’est tout ce que vous avez trouvé à dire sur le bonheur au travail ?

Pour le prochain sujet, envoyez d’abord vos journalistes participer à l’Université du Bonheur au Travail pour comprendre vraiment ce qu’est le Bonheur au Travail.

Alors remettons un peu les choses dans leur contexte.

La philosophie du bonheur au travail dans tout ça ?!

Le bonheur au travail, c’est d’abord le SENS !

Donner du sens est le grand défi des entreprises engagées dans le chemin de l’entreprise heureuse.
C’est chercher à (re)donner du sens en définissant une vision partagée, des valeurs communes qui fédèrent.

C’est faire appel à l’intelligence collective pour faire émerger le meilleur de l’entreprise et améliorer ensemble les points d’accroche. C’est co-construire une vision avec la volonté de s’engager pour quelque chose de plus grand.

Le bonheur au travail c’est semer des graines pour créer un peu plus chaque jour l’engagement et la fierté de travailler dans une entreprise où les salariés en sont les premiers ambassadeurs.

C’est bien joli de mettre les salariés dans de jolis espaces avec des corbeilles de fruits, si le travail en soit n’est pas porteur de sens…

La reconnaissance et l’intelligence émotionnelle

Le bonheur au travail c’est aussi la reconnaissance, la possibilité de se développer personnellement pour mieux évoluer professionnellement. C’est la possibilité d’exprimer ses émotions, d’être écouté et entendu.

C’est se sentir utile.

C’est la possibilité d’exprimer son plein potentiel et d’être aligné entre ce que l’on est et ce que l’on fait. Le croisement en somme entre « ce que j’aime bien », « ce que j’aime faire » et « ce qui est utile à l’organisation ».

C’est donner la place à un équilibre entre la vie pro et perso.

La bienveillance et l’empathie

Le bonheur au travail c’est un management bienveillant qui laisse la place à l’autonomie, aux responsabilités, à l’erreur. Ce sont des managers résolument tournés vers l’individu, qui sont empathiques et s’adaptent à chaque personne.

C’est globalement, avoir des relations harmonieuses chacun avec l’autre.

Et la notion de bonheur est tellement subjective. Ce qui me rend heureuse au travail, ne vas pas forcément rendre heureux mon voisin de bureau.

Chief Happiness Officer vs Chief Cheerleader

Quand au rôle du Chief Happiness Officer… je comprends que le titre puisse faire sourire. Mais on est bien loin du rôle de l’animatrice de colo qui lance la « baballe » à ses collègues de travail pour les stimuler un peu, comme c’est présenté dans l’émission.

Je crois que le job d’un/une CHO, c’est avant tout de faire bouger les choses. Et c’est important qu’une personne emblématique porte cette question de bien-être au sein de l’entreprise et incarne la volonté de l’organisation de prendre le chemin de l’entreprise heureuse.

Le bonheur au travail doit être une démarche sincère

Mais visiblement toutes ces questions sont bien trop philosophiques pour Capital.

Alors oui, le bonheur dans l’entreprise ne doit pas être une injonction.
Et je ne suis pas pour autant candide. J’ai conscience que l’entreprise est avant tout là pour être performante, efficace et rentable.

Mais être heureux est un impératif humain. C’est une aspiration fondamentale de chacun. Et tant mieux si bonheur et performance sont conciliables, voire très fortement corrélés.

Et j’ai la conviction que le bonheur au travail doit surtout et avant tout être une démarche sincère portée par la direction et par toutes les richesses qui composent l’entreprise.

Une démarche profonde aussi, qui s’interroge réellement sur les éléments intrinsèques qui favorisent l’épanouissement des collaborateurs. Bien loin devant des mesures artificielles comme les baby-foots et autres paniers de fruits bio…

2 Comments

  • Emond dit :

    Bonjour
    Récemment arrivé en mission (via une ESN) au sein d’une grande banque française, je découvre la corbeille de fruits, le babyfoot, les ateliers de bien être, les jeux de geeks à orientation pépinière de projets…
    C’est une réalité attrayante pour les jeunes que je côtoie et visiblement porteuse d’engouement et de lâcher prise temporaire qui semble aboutir à un réel investissement professionnel…
    Les « plus anciens » restent dans leur modèle d’autoritarisme éculé et ne parviennent pas a adopter ce comportement relativement récent…
    Les locaux modernes de type « fléxi, mobi, clean Desk… » Outre les anglicismes a la mode, permettent seulement le rapprochement physique des managers. Ils ôtent de fait la capacité a rencontrer son manager en toute discrétion le cas échéant. Ils augmentent nettement le bruit d’où un manque de concentration donc une baisse de rendement dû à la plus grande fatigue (l’inverse de l’effet recherché)
    Il y aurait long a dire… Mais comme souvent c’est une affaire d’individu… Avec un rôle essentiel donné au sponsor qui oublie souvent qu’un changement se présente et s’accompagne sur le long terme.
    Bien a vous.

    • Julie dit :

      Merci beaucoup pour ce partage !! Je suis ravie d’avoir ce retour très intéressant.
      Il y a effectivement des effets déviants à la mise en place de stratégies « bonheur au travail »… Et il est compliqué de prendre en compte les besoins de chacun. Je suis convaincue que cela doit partir d’une démarche sincère mais il n’est pas facile de faire en sorte que tout le monde s’y retrouve, peu importe le mode d’organisation choisi. Pas simple 😉
      Merci encore.
      Bien à vous.
      Julie

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